Le Taiji Quan est le reflet et le
résultat du long travail des siècles. Son essence est
profondément enracinée dans le respect des lois de la nature que
la Chine, depuis des millénaires, applique dans ses philosophies
religieuses (Confucianisme, Bouddhisme et Taoïsme) ainsi que
dans sa médecine traditionnelle. Sous un certain angle, le Taiji
Quan s’apparente à l’art martial développé à partir du Vème
siècle dans le temple de SHAOLIN. À cette époque, l’arrivée du
moine indien BODHIDARMA - DA MO en chinois - insuffla
l’enseignement du développement énergétique associé à la
pratique des arts martiaux afin de permettre aux moines de
fortifier leur corps et ainsi produire une recherche
contemplative et méditative plus efficace. Rappelons que c’est à
partir du temple de SHAOLIN que naquirent de nombreux arts
martiaux tels que ce qu'on nomme Kung Fu et le Karaté au Japon.
Mais ces techniques utilisent avant tout l’énergie musculaire ou
énergie externe à l’inverse du Taji Quan qui utilise et
recherche essentiellement le développement de l’énergie interne.
Le Taiji Quan nous vient d'un ermite taoïste, ZHANG SAN FENG qui
vécut au XIIIème siècle. Déjà expert en arts martiaux, il fût
inspiré par un combat entre un serpent et une grue, et
s'appliqua à associer la force spiralée et souple du reptile aux
mouvements d'ouverture et de fermeture des ailes de l'oiseau
dans ses techniques, donnant ainsi naissance au Taiji Quan.
Plus récemment l’histoire nous
révèle le nom de CHEN CHANG XIN (1771 - 1852) descendant de la
famille CHEN de Chen Jia Gou. Il eut un élève illustre, YANG LU
CHAN. Ce dernier fut à l’origine de la propagation du Taiji Quan
jusqu’à nos jours et notamment fondateur du style YANG.
Actuellement, cinq styles majeurs
sont pratiqués :
- Le style CHEN : le plus ancien, se caractérise par des
alternances de mouvements souples et lents avec des mouvements
rapides, explosifs.
- Le style YANG : mouvements souples et ininterrompus
(cependant, ses applications martiales peuvent être
travaillées de façon rapide et explosive)
- Le style WU ( WU YU XIANG ) : aux techniques souples et
réduites.
- Le style WOO ou Hao ( WU CHIEN CHUAN ) : aux postures
inclinées vers l’avant et aux mouvements de moyenne ampleur.
- Le style SUN : avec de petites postures, des mouvements
agiles et plutôt rapides.
Biographie extraite de celle de
Tam Gibbs, secrétaire particulier et traducteur de Cheng Man
Ching :
Cheng Man Ching (Zheng Manqing),
né le 29 juillet 1901 à Yongjia en Chine et mort le 26 mars 1975
à Taiwan, est un maître de Taiji Quan (Taichi Chuan) d'une
importance capitale dans l'histoire des arts martiaux chinois au
20ème siècle. Il reçut le titre honorifique de Maître des Cinq
Excellences » pour ses connaissances et maîtrise en Taiji Quan,
en médecine chinoise, en calligraphie, en peinture et en poésie.
Il sut extraire l'essence de tous ces domaines qu'il pratiqua
jusqu'à l'excellence pour conférer à son Taiji Quan, hérité de
son maître le célèbre Yang Cheng Fu, une qualité de douceur, de
pureté telle que son art devint non seulement un art martial
supérieur, mais aussi un véhicule de transformation de soi.
Il s'employa toute sa vie à
modeler l'art, afin de permettre aux pratiquants d'atteindre les
plus hauts niveaux, qu'à y insuffler l'essence des enseignements
taoïstes de cultivation de l'Énergie Interne.
En 1937, alors en charge du
département des arts martiaux de la province du Hunan, il
synthétise l’enchaînement de la forme en 37 pas (37 postures) à
partir de la forme de Yang Cheng Fu (forme longue en 108 pas ou
postures). Selon Cheng Man Ching, la forme originelle du Taiji
Quan comportait seulement 13 postures, face au manque de
persévérance des adeptes, elle fut allongée. Il choisit donc de
simplifier la forme longue en 108 mouvements apprise auprès de
Yang Cheng Fu afin d'en intensifier la diffusion dans le but de
renforcer la santé de ses compatriotes. Sa qualité de médecin
associé au fait que lui-même s'est guéri d'une grave maladie
pulmonaire, la tuberculose, grâce à sa pratique assidue, apporta
beaucoup de crédit au livre de Yang Cheng Fu « Taijiquan
Tiyong Quanshu » (The essence and applications of Taiji
Quan) et notamment sur l'influence du Taiji Quan sur la santé.
À cette époque, certains maîtres
de Taichi Chuan comme Wu Jian Quan et Yang Cheng Fu
transformaient peu à peu le Taichi Chuan que leur avaient
transmis leurs aïeux en une technique de santé accessible au
plus grand nombre. Leur préoccupation majeure était d'apporter
une meilleure santé au peuple chinois, c'est à partir de ce
moment que le Taichi Chuan s'est largement développé, passant
d'une technique martiale jalousement gardée à l'intérieur d'une
famille à une technique de santé originale et adaptée à tous ou
presque.
En 1946, il commence l'écriture de
son premier livre « Chengzi Taichi Chuan shisan pian »
(les treize traités de maître Cheng sur le Taichi Chuan), la
publication ne sera faite qu'en 1950 à Taiwan à cause des
événements de l'époque. Pour lui, son ouvrage se place dans la
continuité du livre de Yang Cheng Fu, « Taijiquan Tiyong Quanshu
», il s'associe ainsi au courant intellectuel chinois de la
première moitié du 20ème siècle qui cherchait la renaissance du
sentiment national face aux occidentaux et aux japonais. Dans ce
livre, la forme en 37 pas est présentée comme une technique
souveraine pour la santé, sa propension à vouloir diffuser plus
largement le Taichi Chuan provient certainement de l'influence
bénéfique de cette technique sur sa propre santé. Dans ce même
livre, il précise et détaille le sens martial des gestes
accompagnant les photos décrivant l'enchaînement, préservant
ainsi la tradition martiale du Taichi Chuan.
En 1964, invité aux Etats-Unis au
siège de l’O.N.U, il fit une remarquable démonstration de Taichi
Chuan devant les membres de l’assemblée. Il fondera suite à
cela, à New York, en 1965, le Centre pour la Culture et les Arts
« Shr Jung » (l’école de Taichi Chuan) ouvert à tous ceux qui
désiraient étudier. Il devint un pionnier du Taichi auprès des
occidentaux qui, à cette époque, n'ont guère accès à cette
pratique. Son deuxième ouvrage « Chengzi Taichi Chuan Zixiu
Xinfa » (la nouvelle méthode d'apprentissage personnel du
Taichi Chuan selon maître Cheng) est publié en 1966, fort de son
expérience auprès de nombreux élèves, l'ouvrage se présente
comme un manuel à la portée de tous permettant un apprentissage
aisé de la forme en 37 pas. Au cours de ses dix dernières
années, le Professeur Cheng effectua de nombreux voyages avec
son épouse en Amérique et en Europe.Cheng Man Ching reste aux
E.U. jusqu'en 1974.
Après la cinquantaine, il s’était
laissé pousser la barbe et prit le nom de « Man-jan » ou «
L’Homme aux Favoris ». Et comme, même après ses soixante ans, il
continuait d’étudier souvent toute la nuit sans fatigue, on lui
donna également le nom de « L’Hôte de la Tour du Long Soir » (Le
Professeur Cheng adopta ce nom d’écrivain à New York où il vécut
dans un appartement d’un immeuble d’où il pouvait voir les
gratte-ciel new- yorkais durant les longues soirées). Il
s’appela également « Le Vieil Enfant qui ne se lasse jamais
d’apprendre ». Un autre de ses noms d’écrivains était « L’Ermite
de l’Encrier de Jade ».
En 1974, il retourna à Taiwan pour
publier « Yi Chuan » (Commentaire sur le Livre des
Changements) qui comporte plus de 100 000 caractères. Il relut
personnellement les épreuves, et déclara à de proches amis,
juste après la deuxième relecture : « Si je dois mourir, je
n’aurai aucun regret. ». Tout le monde crut à une plaisanterie.
Qui aurait pensé qu’à minuit, le 23 mars 1975, on le
retrouverait la tête posée sur ses bras sur la table, comme s’il
dormait ? Il ne devait jamais plus se réveiller. On l’envoya
immédiatement à l’hôpital. À 2h15, le 26 mars, il quitta ce
monde. Il était dans sa 75ème année.
Des funérailles nationales eurent
lieu pour ce grand homme de Taichi et de peinture. Son
enseignement rayonne toujours à Taiwan, en Asie du Sud-est
(Malaisie, Singapour…), aux E.U, en Europe et même en Chine
Populaire où Cheng Man Ching est reconnu désormais dans
l'histoire officielle du Taichi Chuan.Yien Chia Kan, le
président de la République de Chine, écrivit un discours
commémoratif pour le Professeur Cheng, « Je n’aurai jamais pensé
que le premier discours d’hommage que je dusse écrire fusse pour
un vieil ami ». Ses amis, ses proches et ses disciples disent
qu’il avait l’allure d’un gentleman distingué avec un air
cultivé qu’il était un homme honnête et intègre, et toujours
fidèle à la droite ligne de conduite qu’il s’était fixé. Il
n’hésitait ni ne faisait de compromis avec lui-même. Le
Professeur Cheng Man Ching reste dans la mémoire de tous comme
le maître aux cinq excellences de par sa maîtrise de la
calligraphie, la poésie, la peinture, la médecine et le Taichi
Chuan. Il pouvait les unir comme s’il s’agissait de perles
enfilées sur un fil. Ce fil était le Dao. Parce qu’il avait
étudié à fond les classiques et les sages, il avait pénétré les
profondeurs des principes de la philosophie.
Le Taiji Quan se pratique dans
une recherche de relâchement globale et de détente. Les
mouvements sont continus, tranquilles et sans tension. Corps et
Esprit indissociés, la conscience étant reliée et unie au
mouvement. L'énergie interne, le Qi (Chi), ainsi régulée,
imprègne le corps en douceur, conférant rapidement une sensation
de bien être. Le Taiji Quan présente également nombre
d'exercices avec un partenaire où l'essentiel réside dans une
compréhension profonde de l'énergie du partenaire et en retour
de sa propre énergie.
Nous étudions : la forme courte
en 37 pas - la forme longue style Cheng Man Ching en 108 pas -
la forme longue style Yang en 85 pas (de Zhao Youbin) - la forme
rapide ou explosive (Kwai Taiji Quan)
Les pratiques en duo : Tui Shou -
Dalu - San Shou
Les armes traditionnelles : l'épée
(Taiji Jian) - le sabre (Taiji Dao) - le bâton (Taiji Gun)